Le Soleil | Boom X : un pont entre les générations
French Review
Auteur, acteur, metteur en scène, musicien, chanteur, imitateur… Sur scène, rien ne semble être à l’épreuve de Rick Miller. Ajoutons symboliquement des chapeaux de sociologue et d’historien à ce créateur plongé dans une étude aussi vaste que festive élaborée autour des générations : celle de ses parents, la sienne et celle de ses enfants.
Résidant à Toronto, Rick Miller a un peu l’impression de revenir chez lui en faisant de nouveau escale au Carrefour international de théâtre avec son solo Boom X, qu’il présentera pour la première fois en français du 3 au 5 juin.
Après tout, c’est un habitué du festival. Et il y a près de 10 ans, il avait eu l’occasion d’avancer la création de cette trilogie générationnelle en résidence à la Caserne Dalhousie d’Ex Machina et de Robert Lepage, avec qui il a collaboré.
«À Québec, c’est ma quatrième première d’un spectacle solo en français, note Miller avec enthousiasme. C’est toujours un grand défi de changer de langue et de changer un peu le contenu aussi. Mais j’adore ce défi-là. L’équipe du festival m’accueille tellement bien! Et ça va être ma première fois sur scène au Diamant. C’est comme un retour à la maison, mais en même temps, c’est quelque chose de complètement nouveau.»
Faisant suite à Boom, qui s’intéressait aux baby-boomers, Boom X se positionne comme le deuxième chapitre d’une trilogie. Cette fois, Rick Miller braque les projecteurs sur la génération X, la sienne. La conclusion ce cet ambitieux tableau théâtral, Boom YZ verra le jour à l’automne et traitera des millénariaux.
«J’ai très hâte d’embarquer dans ces trois shows-là comme une trilogie sur 75 ans», indique le créateur, qui voit dans cet exercice temporel une manière de mieux cerner le présent… Et ce bien au-delà des étiquettes accolées à telle ou telle tranche d’âge.
«Ce sont seulement des références culturelles qu’on regarde avec de la nostalgie, parfois, où à propos desquelles on peut se casser la tête et se demander c’était quoi le rapport, avance-t-il. Mais mon but, ce n’est jamais de revivre le passé. C’est plus d’examiner le passé pour éclairer le moment présent. Qu’est-ce qu’on vit présentement qui a été causé ou provoqué par les 75 années qui nous ont précédés? [...] Je ne me mets pas dans le passé pour triper sur des costumes, même si c’est le fun. Je le fais pour apprendre comment élever mes enfants, comment vivre moi-même dans les conditions dans lesquelles nous sommes.»
« Pour moi, les années 80, oui, c’était les costumes horribles de Mötley Crüe et de Duran Duran. Mais qu’est-ce qui a provoqué cette musique-là? Qu’est-ce qui fait que cette musique-là nous a attirés? C’est la musique et la culture que tu aimais à l’adolescence, mais aussi des événements historiques qui sont survenus à cette époque qui construisent ta perspective pour le reste de ta vie. »
— Rick Miller
Moment charnière
Boom X amène le spectateur de 1970 à 1995, à travers une centaine de personnages, tous campés par Rick Miller. L’épopée est historique, personnelle, truffée de références à la culture populaire et fortement musicale, puisque ce sont les chansons qui servent de fil conducteur au spectacle.
«Pour moi, les années 80, oui, c’était les costumes horribles de Mötley Crüe et de Duran Duran. Mais qu’est-ce qui a provoqué cette musique-là? Qu’est-ce qui fait que cette musique-là nous a attirés? C’est la musique et la culture que tu aimais à l’adolescence, mais aussi des événements historiques qui sont survenus à cette époque qui construisent ta perspective pour le reste de ta vie», précise le créateur.
Miller cite en exemple la nouvelle «British Invasion» survenue dans les années 1980. «D’où ça part? s’interroge-t-il. C’est ce genre de questions que j’essaie d’explorer. Oui, je vais chanter les tounes. Oui, je vais me mettre un costume de KISS ou de Freddie Mercury. Il y a tout ça dans Boom X. Mais on va avoir aussi le contexte technologique, culturel, politique. Et il y a les histoires personnelles qui essaient de tisser le tout dans une expérience intéressante.»
De sa propre description, celui qui a fait des études en architecture aime «construire des liens». Le voilà servi avec cette trilogie.
Quête identitaire
La génération X a souvent été associée à une sorte de morosité, à un désenchantement. «On sent que c’est un peu une génération perdue. Ça vient bien sûr de la situation économique. Mais on sent aussi que les baby-boomers avaient une certaine utopie qui s’est transformée en une culture yuppie où l’argent dominait tout. Je pense que les gen X cherchaient quelque chose de plus profond», observe Rick Miller, soulignant du même souffle la quête identitaire qui a accompagné sa génération.
«La société s’est adaptée aux boomers à chaque étape, ajoute-t-il. Il y a eu de nouvelles écoles, de nouvelles maisons, de nouvelles universités. Ils avaient plus un chemin et moins cette quête d’identité. […] Les boomers avaient une identité. C’était : tu sors de l’école, tu te maries, tu as une famille, une job que tu gardes jusqu’à ta retraite et après, tu joues au golf. Je pense que la génération X a été la première à se sortir de ce système.»
Boom X explore aussi son propre parcours, lui qui, de son aveu, s’est ouvert sur le monde un peu tard : un grand naïf branché sur les chaînes musicales MTV et Much Music, résume-t-il.
«J’étais très optimiste, un peu innocent, décrit-il. Quand je suis entré à l’université et que j’ai commencé à jouer au théâtre — j’ai été inspiré par le travail de Robert Lepage, d’ailleurs —, ma perception du monde a été un peu choquée. Je pensais que tout était beau. En anglais, je dirais : “everything is awesome, but I’m making it better!”»
La pièce souligne la progression de cette naïveté vers une prise de conscience. «Les gens autour de moi m’ont beaucoup inspiré, parce qu’ils m’ont fait réaliser que je ne connaissais rien, confie Rick Miller. Je suis content, à l’âge de 51 ans, de toujours apprendre davantage.»
Ça se passe notamment dans l’élaboration de cette trilogie en constante évolution et qu’il sera appelé à faire vivre à l’international.
«C’est intéressant, parce que je travaille sur 75 ans, explique-t-il. Je parle aux grands-parents de jeunes, mais à des jeunes aussi. Je peux leur demander c’est quoi la face A et B sur un disque ou une cassette. Ils n’en ont aucune idée. C’est drôle qu’ils ne sachent pas ça, mais qu’ils naviguent instinctivement dans Internet ou dans Tinder. C’est drôle, mais c’est aussi intéressant d’un point de vue culturel...»
Moment charnière
Boom X amène le spectateur de 1970 à 1995, à travers une centaine de personnages, tous campés par Rick Miller. L’épopée est historique, personnelle, truffée de références à la culture populaire et fortement musicale, puisque ce sont les chansons qui servent de fil conducteur au spectacle.
«Pour moi, les années 80, oui, c’était les costumes horribles de Mötley Crüe et de Duran Duran. Mais qu’est-ce qui a provoqué cette musique-là? Qu’est-ce qui fait que cette musique-là nous a attirés? C’est la musique et la culture que tu aimais à l’adolescence, mais aussi des événements historiques qui sont survenus à cette époque qui construisent ta perspective pour le reste de ta vie», précise le créateur.
Miller cite en exemple la nouvelle «British Invasion» survenue dans les années 1980. «D’où ça part? s’interroge-t-il. C’est ce genre de questions que j’essaie d’explorer. Oui, je vais chanter les tounes. Oui, je vais me mettre un costume de KISS ou de Freddie Mercury. Il y a tout ça dans Boom X. Mais on va avoir aussi le contexte technologique, culturel, politique. Et il y a les histoires personnelles qui essaient de tisser le tout dans une expérience intéressante.»
De sa propre description, celui qui a fait des études en architecture aime «construire des liens». Le voilà servi avec cette trilogie.
Quête identitaire
La génération X a souvent été associée à une sorte de morosité, à un désenchantement. «On sent que c’est un peu une génération perdue. Ça vient bien sûr de la situation économique. Mais on sent aussi que les baby-boomers avaient une certaine utopie qui s’est transformée en une culture yuppie où l’argent dominait tout. Je pense que les gen X cherchaient quelque chose de plus profond», observe Rick Miller, soulignant du même souffle la quête identitaire qui a accompagné sa génération.
«La société s’est adaptée aux boomers à chaque étape, ajoute-t-il. Il y a eu de nouvelles écoles, de nouvelles maisons, de nouvelles universités. Ils avaient plus un chemin et moins cette quête d’identité. […] Les boomers avaient une identité. C’était : tu sors de l’école, tu te maries, tu as une famille, une job que tu gardes jusqu’à ta retraite et après, tu joues au golf. Je pense que la génération X a été la première à se sortir de ce système.»
Boom X explore aussi son propre parcours, lui qui, de son aveu, s’est ouvert sur le monde un peu tard : un grand naïf branché sur les chaînes musicales MTV et Much Music, résume-t-il.
«J’étais très optimiste, un peu innocent, décrit-il. Quand je suis entré à l’université et que j’ai commencé à jouer au théâtre — j’ai été inspiré par le travail de Robert Lepage, d’ailleurs —, ma perception du monde a été un peu choquée. Je pensais que tout était beau. En anglais, je dirais : “everything is awesome, but I’m making it better!”»
La pièce souligne la progression de cette naïveté vers une prise de conscience. «Les gens autour de moi m’ont beaucoup inspiré, parce qu’ils m’ont fait réaliser que je ne connaissais rien, confie Rick Miller. Je suis content, à l’âge de 51 ans, de toujours apprendre davantage.»
Ça se passe notamment dans l’élaboration de cette trilogie en constante évolution et qu’il sera appelé à faire vivre à l’international.
«C’est intéressant, parce que je travaille sur 75 ans, explique-t-il. Je parle aux grands-parents de jeunes, mais à des jeunes aussi. Je peux leur demander c’est quoi la face A et B sur un disque ou une cassette. Ils n’en ont aucune idée. C’est drôle qu’ils ne sachent pas ça, mais qu’ils naviguent instinctivement dans Internet ou dans Tinder. C’est drôle, mais c’est aussi intéressant d’un point de vue culturel...»